DU MLF À FEMEN À NI UNA MENOS ET À METOO
HIER ET AUJOURD’HUI, POUR DEMAIN,
« NOTRE CORPS NOUS APPARTIENT »
VICTOIRE HISTORIQUE
Paris, le 4 mars 2024,
« L’IVG est bien le premier acte historique d’une libération du vivant, d’une révolution
anthropologique. Depuis, les femmes ont leur mot à dire. Elles entrent dans l’Histoire. »
Antoinette Fouque
Avec l’apparition du Mouvement de libération des femmes (MLF) à l’automne 1968, la France et les femmes basculent dans une nouvelle ère de liberté et de libération.
La lutte fondamentale qui s’engage au début du mouvement est celle de la maîtrise de la fécondité, du droit des femmes à disposer de leur corps, un droit positif à la procréation permettant l’affirmation d’un désir jusqu’ici ignoré ou forclos ; elle passe par le combat en faveur de l’avortement et la contraception libres et gratuits pour toutes.
Dans les rues, par milliers, nous manifestons en scandant : « Plus de lois sur le corps des femmes » « Notre corps nous appartient », « Un enfant si je veux, quand je veux » ou « L’usine est aux ouvriers, l’utérus est aux femmes, la production de vivant nous appartient ». Des slogans qui ont fait date et sont repris encore aujourd’hui. « Le Mouvement de libération des femmes, personne politique, corps vivant et révolutionnaire pour toutes les femmes qui y luttent » selon les termes d’Antoinette Fouque, co-fondatrice du MLF, nous permet d’enfin libérer nos corps et notre parole.
C’est dans ce contexte de lutte que, le 5 avril 1971, est publié le Manifeste des 343, paru dans Le Nouvel Observateur, dans lequel 343 femmes déclarent en leur nom avoir déjà eu recours à l’avortement et demandent la légalisation de l’IVG, l’Interruption volontaire de grossesse, en France pour toutes. En juin 1973, les éditions des femmes publient la brochure pionnière « L’Alternative, libérer nos corps ou libérer l’avortement ».
Nous obtenons la loi Veil en 1975. Une nouvelle manifestation rassemblant 50 000 femmes pour la reconduction de cette loi a lieu le 6 octobre 1979, réclamant également la gratuité de l’intervention. « Quelque chose de l’esclavage des femmes, de l’asservissement à la reproduction inscrit depuis la Genèse est aboli », affirme Antoinette Fouque. Par ce geste, nous nous réapproprions notre corps et affirmons une voie de libération pour les femmes qui soit en relation avec leur désir, sans contrainte. Ce sont les luttes des femmes pour le droit à disposer de leur corps qui ont forcé les lois à avancer.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les femmes maîtrisent la compétence de procréer de leur corps, dont elles sont seules dans l’espèce humaine à disposer et qui jusque-là était la cause de leur subordination.
La première étape de libération franchie, il fallait l’enraciner par un travail de longue haleine et inscrire la maîtrise de la fécondité comme un droit positif universel de toutes les femmes du monde, et non un devoir ou une prescription des Églises et des États. Nous étions à la Conférence des Nations-Unies « Population et Développement » qui s’est tenue au Caire en 1994 et avons lutté avec nos amies de tous les pays pour faire reconnaître, contre la Sainte Alliance des monothéismes, les droits des femmes que sont « la santé génésique et les droits reproductifs », indispensables à un développement durable.
Avec le MLF, les mouvements de libération de femmes qui sont venus – Femen, Ni Una Menos, MeToo – ont grandi et essaimé partout dans le monde. Nous sommes passés en 55 ans d’un état d’esclavage absolu avec un corpus de lois contraignantes sur le corps des femmes, à l’affirmation d’un droit universel sans contrainte.
L’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution est la reconnaissance au plus haut niveau de l’État qu’il s’agit bien de la liberté fondamentale des femmes ; il est d’autant plus important de la garantir que nous traversons une période de contre-révolution sanglante et de « protestation virile ».
Dans une telle situation de régression, cette inscription constitue un moment historique pour développer un mouvement de libération, de démocratisation et de laïcisation qui bénéficiera à l’ensemble de l’humanité ; elle fera modèle en Europe – continent le plus avancé en matière de droits des femmes – et dans le monde entier.
Le mouvement des femmes est bien le seul « mouvement de civilisation » capable de faire avancer pour demain les Droits et Libertés Démocratiques.
Communiqué de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie