Dans la nuit du 31 décembre 2015, entre 2000 et 3000 hommes ont organisé une nuit de chasse aux femmes en plein centre de Cologne, sans qu’aucune autorité n’intervienne…
Cologne : non au silence et au déni des crimes misogynes,
oui à la mobilisation démocratique
Nous tenons à exprimer notre colère, notre indignation et notre profonde inquiétude devant les violences commises dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier sur la place principale de Cologne et devant les réponses qui leur ont été apportées.
Entre 1000 et 2000 hommes ont envahi l’espace public et organisé une nuit de chasse aux femmes, infligeant à plusieurs centaines d’entre elles des violences sexuelles allant jusqu’au viol, des coups, des vols et des insultes, sans réaction efficace des forces de police.
Un silence délibéré, politique et médiatique, s’est immédiatement abattu sur ces faits au motif que les auteurs de ces crimes et délits seraient des demandeurs d’asile ou des immigrés en situation irrégulière, et que des réactions contre les réfugiés étaient à redouter. Plusieurs dizaines de plaintes ont été nécessaires pour que ce silence soit partiellement levé, et leur nombre, qui ne cesse de croître, s’élève, aux dernières informations, à plus de 650, dont 40% pour violences sexuelles, uniquement à Cologne. Des faits similaires ont eu lieu dans d’autres villes d’Allemagne (Hambourg, Francfort et Munich) et d’Europe (en Suisse, à Zurich, en Autriche, à Salzbourg et en Finlande, à Helsinki). Selon le ministre allemand de la Justice, ces actes ont été « coordonnés et planifiés ». Mais il a fallu attendre plus de huit jours pour que la Chancelière Angela Merkel évoque la « misogynie » à propos de ces « faits criminels répugnants », tandis qu’aucune autre grande voix, notamment française, ne s’est fait entendre.
L’Europe, grâce aux luttes, est l’espace le plus avancé au monde pour les droits et libertés des femmes et de tous les citoyens. Il est temps de prendre la mesure de la régression politique que constituent de tels actes de terreur, sans précédent en temps de paix. Antoinette Fouque proclamait que les femmes sont le coeur battant de la démocratie. A l’heure où elle affronte la guerre terroriste sur son propre sol, une Europe qui garderait le silence sur la montée des violences contre les femmes, et cesserait de promouvoir et de faire respecter leurs droits, trahirait son modèle qui inspire les démocrates du monde entier.
Nous demandons aux gouvernements et à toutes les institutions européennes :
– de rappeler avec force leur engagement indéfectible en faveur des droits et des libertés des femmes, leur volonté sans faille de lutter contre les violences et les discriminations, et d’avancer vers une société paritaire ;
– de poursuivre et de sanctionner avec fermeté les auteurs et organisateurs des exactions commises à Cologne et ailleurs, et de tout mettre en œuvre pour qu’elles ne se reproduisent nulle part. La sécurité de toutes les femmes doit être assurée, et en particulier de celles en demande d’asile, très vulnérables. Et nous pensons aussi à celles qui sont restées dans leurs pays, sous les bombes, subissant des crimes quotidiens.
C’est à ces conditions que l’Europe pourra continuer à accueillir et à secourir les hommes et les femmes qui, là où il y a la guerre, luttent pour survivre.
Et c’est la responsabilité de l’Union européenne et de ses dirigeants au regard de l’Histoire.