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50 ans du MLF : il y a encore à faire !

50 ans du MLF

Écoutez l’interview de Catherine Guyot militante du Mouvement de libération des femmes et de l’Alliance des femmes sur Europe 1.

Ce 26 août on fête le baptême médiatique d’un MLF dont la naissance politique, date d’octobre 1968 par l’invention du Mouvement de Libération des femmes…. par Antoinette Fouque, Monique Wittig et Josiane Chanel.

Aujourd’hui les femmes se battent encore contre la mort dans les féminicides !
La lutte continue, Vive la libération des femmes !!!

Luttes contre les violences faites aux femmes

Luttes contre les féminicides

À Jacqueline Sauvage et à toutes les femmes victimes de violence.
Nous sommes tristes et exprimons nos fidèles pensée à ses filles et ses avocates.
Et toujours déterminées à lutter contre les violences faites aux femmes !
Un film du MLF-Pychanalyse et Politique retrace
52 ans de luttes contre les violences faites aux femmes
En ces temps de lutte intense des femmes pour mettre fin aux Gynocides – Féminicides
Hier et aujourd’hui pour demain « notre corps nous appartient ».

Gisèle Halimi, notre amie

Gisèle Halimi Alliance des femmes

L’Alliance des femmes pour la démocratie et les Éditions des femmes-Antoinette Fouque saluent la mémoire de leur amie Gisèle Halimi, avocate, femme politique, écrivaine, grande combattante de la cause des femmes, avec laquelle elles se sont souvent retrouvées au fil d’années fertiles en victoires : de la lutte pour l’avortement à l’engagement pour la parité, en passant par le soulèvement contre le viol et la défense des femmes persécutées dans le monde. « Je ne rencontre pas une seule fois Gisèle sans que nous échangions sur les femmes qui souffrent dans le monde, sur des actions possibles ou des chemins de pensée. Nous sommes et resterons des femmes en mouvements », disait Antoinette Fouque en 2006.

« En mouvements », Gisèle Halimi a plaidé victorieusement des procès dans le but de faire avancer le droit, créé une association féministe – « Choisir, la cause des femmes »-, mobilisé des femmes en 1978 pour qu’elles se présentent aux élections, indépendamment des partis politiques et sur la base d’un « programme commun des femmes », été elle-même députée (1981-1988) et fait ainsi voter le remboursement de l’Ivg. En 2008, elle a rassemblé un collectif au sein de Choisir, pour développer son idée de la « clause de l’Européenne la plus favorisée », dans un livre longuement préfacé par elle. Edité par des femmes-Antoinette Fouque, celui-ci recense les meilleures mesures pour les femmes existant dans chaque pays d’Europe pour qu’elles soient adoptées au bénéfice de toutes les Européennes.

Antoinette Fouque avait proposé à Gisèle Halimi de lire pour La Bibliothèque des voix, Fritna, l’un des livres évoquant sa relation avec sa mère (2006). Ainsi gardons-nous le don précieux d’une voix généreuse, celle d’une femme attachée à ses origines et tournée vers le futur, toujours révoltée et solidaire des femmes, de leurs combats et de leurs transgressions.

28 juillet 2020
Communiqué de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie
et des éditions des femmes-Antoinette Fouque

Manifestation vendredi 10 juillet 2020 à 17 h devant l’hôtel de ville à Paris

Manifestation contre le nouveau gouvernement et l’affront pour les femme notamment avec Gérald Darmanin et Dupont Moretti

PODCAST – “Il y a des choix à faire, de société, de civilisation.” Christine Villeneuve

Propriétaire d’une librairie et d’une salle d’exposition, les éditions des femmes-Antoinette Fouque ont subi en quelque sorte deux fois le choc de la mise en quarantaine. Mais pour Christine Villeneuve, co-directrice de la maison, « le confinement n’empêche pas l’activité, elle l’a stimulée même, d’une certaine manière ». Cette pandémie est particulièrement difficile pour les femmes qui sont en première ligne, il semble que pour faire face à cette crise on ait plus que jamais besoin de pensées féministes.

Des eBooks pour vivre libres même confiné.e.s

Les premiers e-books des éditions des femmes-Antoinette Fouque disponibles le 20 avril sur tous les sites de téléchargement. Texte de présentation à télécharger

C’était un projet de longue date et le confinement nous a conduites à le réaliser : treize titres des éditions des femmes-Antoinette Fouque sont désormais accessibles en e-books sur tous les sites de téléchargement.

En cette période difficile, particulièrement pour les femmes toujours plus sollicitées par l’attention aux autres et plus que jamais victimes de violences (le ministre de l’Intérieur a annoncé une hausse des violences à leur égard de 30 %), nous avons choisi des livres qui donnent de la force, de l’optimisme, du dynamisme et rappellent le rôle décisif et vital des femmes et de leurs mouvements.

Nous proposons pour lancer ce nouveau format: Déni de l’Américaine Jessica Stern qui décrypte les effets et l’impact psychique des violences et brise le déni du viol et de toutes les formes de violences ; Cours petite fille! sous la direction de Samuel Lequette et Delphine Le Vergos, qui revient sur le mouvement planétaire #MeToo, ou encore ce classique de l’analyse de la répression contre les avancées des femmes, Backlash de Susan Faludi, prix Pulitzer.

Pour agir, même confinées, Sarah Constantin, Elvire Duvelle-Charles et Alice Des offrent un réjouissant Manuel d’activisme féministe, Clit Révolution, tout à la fois gai et sérieux qui donne des informations, des idées et des méthodes pour continuer à changer le monde.

Elles font ou ont fait partie du mouvement Femen qui, il y a quelque dix ans, a ramené la question des femmes sur le devant de la scène. Dans Rébellion, ce sont des militantes de l’ensemble de ce mouvement à travers le monde qui témoignent et racontent leurs luttes.

Ne plus avoir honte de son corps et en parler avec humour, c’est la mission que s’est aussi donnée Élise Thiébaut dans sa pièce de théâtre intitulée Tout sur le rouge, celui des règles bien entendu.

Exemple de courage et de créativité, la journaliste, militante pour les femmes et artiste kurde Zehra Doğan, emprisonnée en Turquie pour avoir exprimé ses opinions, illumine de sa pulsion de vie la prison et le monde avec Nous aurons aussi de beaux jours.

Autre temps, autre destin, même courage, France Bloch-Sérazin, une femme en résistance, est le titre de la magnifique biographie que l’historien Alain Quella-Villéger consacre à cette jeune chimiste, juive et communiste à l’humanité renversante, assassinée par les nazis.

Plus près de nous, l’histoire contemporaine du combat des femmes à (re)découvrir: MLF – Psychanalyse et politique, 1968-2018 en deux volumes (Collectif), des premiers cris de révolte à la transformation du monde, avec des archives inédites, des témoignages, le récit des accomplissements. Une référence incontournable.

Avec Les Sociétés matriarcales, qu’elle a étudiées durant 40 ans, des plus anciennes à celles qui subsistent à ce jour, Heide Goettner-Abendroth fait la démonstration que la domination masculine n’est qu’un moment de l’histoire et que d’autres modèles – positifs – de sociétés sont possibles.

Et pour aller plus loin et comprendre, en ce moment de prise de conscience de l’épuisement du modèle de société dominant, comment les femmes sont porteuses du changement de paradigme que beaucoup appellent de leurs vœux, ne pas manquer les livres d’Antoinette Fouque qui articule action et pensée, femmes et éthique, et propose dans Gravidanza – Féminologie II et Génésique – Féminologie III, un « nouveau contrat humain ».

Luttons contre deux pandémies, le virus et la misogynie, mortelles pour l’espèce humaine !

Alerte :

 augmentation de 32 % des violences conjugales
depuis le début du confinement…

LUTTONS CONTRE CE QU’ANTOINETTE FOUQUE APPELAIT « LA PESTE MISOGYNE »

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 31 MARS 2020
HAUT CONSEIL A L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES

HCE-RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Violences conjugales et confinement : la seule solution de protection est l’éviction des agresseurs
Si le confinement au sein de nos maisons a pour but légitime d’assurer la protection sanitaire individuelle et collective, nous savons que dans le contexte des violences conjugales, la maison n’est pas le lieu de la sécurité mais celui du danger. Ce danger est accru par le confinement dans des proportions alarmantes. Ainsi les interventions des forces de sécurité intérieure au domicile pour violences conjugales ont augmenté d’au moins 32% sur l’ensemble du territoire national depuis le début du confinement.

Le HCE reconnait les initiatives prises par le gouvernement pour mettre en place un plan d’urgence destiné à prendre en charge les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants.
Cette situation de confinement appelle à la mise en œuvre de dispositifs et de pratiques professionnelles inédites pour assurer leur protection dans cette période de crise.
Le confinement rend tout d’abord plus difficile le signalement des violences conjugales par les femmes victimes et le repérage par les tiers. Les opportunités ouvertes pour faciliter la révélation des faits dans les pharmacies et les centres commerciaux vont dans le bon sens. Une vigilance particulière doit également être mise en œuvre dans l’accueil des femmes victimes au sein des commissariats et gendarmeries.
Le HCE salue le maintien de la plate forme d’écoute du 3919 et l’action des salarié.e.s et bénévoles des associations qui poursuivent leur accompagnement des femmes victimes de violences.
Le HCE salue l’action des forces de sécurité intérieure qui, malgré le confinement et les risques sanitaires, poursuivent leur mission de protection en intervenant au domicile des femmes victimes de violences conjugales. Sans leur intervention, aucune mise en sécurité ne serait possible. Leur rôle est donc absolument crucial dans cette période critique.
Le HCE salue également l’action de l’autorité judiciaire qui permet de mettre en œuvre des procédures pénales d’urgence ou de délivrer en urgence des ordonnances de protection pour neutraliser les violents conjugaux et assurer la sécurité des victimes.
Mais le HCE rappelle qu’aucune mise en sécurité des victimes n’est possible sans organiser la décohabitation entre l’agresseur et la victime.
Le HCE note les 20 000 nuitées d’hôtel, annoncées ce jour par la secrétaire d’Etat aux droits des femmes et à lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, pour les femmes victimes et les agresseurs.
Dans le contexte du confinement, la seule mesure garantissant une mise en sécurité des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants est l’éviction de l’agresseur. Cette mesure permet d’abord que les victimes retrouvent leur sécurité au sein de leur lieu de vie. Elle permet aussi d’assurer le contrôle des déplacements des agresseurs compte tenu des règles du confinement.
Pour garantir une décohabitation rapide, il est indispensable et urgent de réserver des places d’hôtel pour les violents conjugaux. Il importe de cibler prioritairement l’éviction des conjoints violents et le HCE estime que 500 places d’hôtel sont nécessaires, en ce sens, pour le mois d’avril au niveau national. Sur la base d’un coût moyen de la nuitée de 40 euros, le financement est donc de 600 000 euros pour le seul mois d’avril.
Dans la période exceptionnelle que traverse notre pays, et quelques semaines après la fin des travaux du Grenelle consacré aux violences conjugales, le HCE tient à affirmer fortement que la priorité en cette période de confinement est d’assurer la mise en sécurité des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants par l’éviction du conjoint violent.
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De Christophe Castaner, Ministre de l’intérieur :
« En cette période de confinement, et donc de risque accru, la lutte contre les violences conjugales reste une priorité. Nous devons aussi adapter nos réponses. Grâce à@Ordre_Pharma, les victimes pourront s’adresser à leur pharmacien de quartier qui alertera les forces de l’ordre. »
https://www.intehttps://www.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Le-Gouvernement-pleinement-mobilise-contre-les-violences-conjugales-et-intrafamiliales
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En cas de suspicion de violence conjugale, appelez le 3919
En cas de suspicion de violence sur mineur, appelez le 119 (appel gratuit qui n’apparaît pas sur les relevés téléphoniques).
A partir du lundi 30 mars la secretaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, a annoncé la mise en place de « points d’accompagnement éphémères » dans des centres commerciaux, afin d’accueillir les femmes victimes de violences.

MOBILISATION A TRAVERS LE MONDE
En France comme en Argentine… faisons du bruit…pour que les voisins entendent, pour que la police entende, pour que la justice entende la plainte des femmes violentées dans les maisons ..
de « Ni Una Menos » @NiUnaMenos21

Les femmes sud-américaines font du bruit pour les femmes à leurs fenêtres pendant le #confinement.
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9:25 PM · 30 mars 2020Twitter Web App

8 mars 2020

« On n’est pas hystériques, on est historiques ! »

Diffusé le 13 mars sur France Culture dans l’émission »Hastag »à réécouter en suivant le lien :
https://www.franceculture.fr/emissions/hashtag/nest-pas-hysteriques-est-historiques

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DIMANCHE 8 MARS 2020 

Nous avons manifesté pour la Journée internationale
des droits des femmes.

À Paris, départ de la place d’Italie, en direction de la place de la République.

À Marseille, départ sur le Vieux port.

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Dans le cadre de #ToutesFéministes : Journée spéciale sur France Inter, vendredi 6 mars 2020, avec Kombini.

Du MLF aux FEMEN, trois générations de féministes nous racontent leurs combats, par Christine Siméone.

Delphine Remy-Boutang( à gauche), Michèle Idels (au centre), Elvire Duvelle-Charles (à droite)Delphine Remy-Boutang( à gauche), Michèle Idels (au centre), Elvire Duvelle-Charles (à droite) © JFD- François Tancré/ Silvina Stirnemann/Laure Bourdon Zarader

France Inter propose une journée #ToutesFéministes avec les témoignages de toutes celles qui luttent et qui ont lutté pour que les femmes restent maîtres de leur corps et de leur destin. Nous avons choisi trois femmes, issues de trois générations différentes, pour illustrer les différentes perspectives de ces combats féministes. Michèle Idels est une intellectuelle, Delphine Remy-Boutang , est communicante et « business-woman », alors que Elvire Duvelle-Charles est journaliste et réalisatrice.

Michèle Idels, avocate, 70 ans, MLF
« C’est en 1968 qu’est née la conscience qu’il existe une condition universelle des femmes »

Son engagement : Michèle Idels est avocate. Elle a 70 ans. Elle est membre du Mouvement de Libération des Femmes depuis 1971, trois ans après sa fondation par Antoinette Fouque. Cet engagement a pris forme, ensuite, au sein des éditions Des femmes, émanation du MLF. Michèle Idels a aussi participé aux grandes conférences de l’ONU sur les femmes et le développement, et elle est co-présidente de l’Alliance des femmes pour la démocratie.

L’origine de son engagement féministe : Pour elle le MLF a réellement permis l’ouverture d’une nouvelle époque. Avant 68, les femmes étaient exclues de toute visibilité positive, explique Michèle Idels :  » On ne parlait de rien, ni de leur exclusion, ni de leur sexualité, ni de leur fécondité « . Mais le MLF est allé plus loin que la révolution sexuelle de mai 68, et comme le disait Antoinette Fouque, sa co-fondatrice, ce mouvement est né  » contre ce que mai 68 avait de viriliste, de guerrier et de machiste ».  » Une conscience est née « , explique Michèle Idels,  » une conscience que les femmes existent, et qu’il y a une condition universelle commune aux femmes ».

Son regard sur les différentes générations de féministes : Après les conquêtes telles que l’abolition de la puissance paternelle au bénéfice de l’autorité parentale en 1970, le droit à la contraception puis à l’avortement en 1974, et le droit à la parité en 1999, Michèle Idels considère que la génération suivante, celles des filles du MLF a été plus silencieuse mais toujours agissante.  » Elles ont voulu s’insérer dans le monde professionnel, dans le monde politique, elles ont travaillé plus individuellement ». Mais le chemin parcouru, les avancées obtenues, n’effacent pas « la persistance des phénomènes de sexisme, de violences, et de harcèlement ». À l’heure de #MeToo, les anciennes du MLF, aujourd’hui engagées aux Éditions des femmes, comme Michèle Idels, estiment qu’après un moment de refoulement de leur mouvement, de mise sous silence, rompu par l’émergence du mouvement FEMEN,  » #MeToo a légitimité notre combat pour la libération de la parole depuis le début » .

Que toutes les femmes ne soient pas d’accord, « c’est normal, cela se comprend » , explique l’avocate. « Il y a toujours eu plusieurs tendances, dès le début, autour de débats qui traversent toute la société, comme la prostitution, la place des religions…  » Aujourd’hui encore, toutes les femmes ne pensent pas à l’unisson et dans les débats actuels post-César, différents points de vue s’affrontent. Mais Michèle Idels prévient :  » L’accent mis sur la division des femmes entre elles, pose question. On ne pourra avancer que si tous les combats sont solidaires. »

Comment elle voit l’avenir du combat féministe : Pour elle, il est important que les femmes fortes et accomplies comme les comédiennes qui ont porté #MeToo continuent de témoigner sur ce qu’elles subissent, car cela donne du courage à toutes les autres. Elle prend l’exemple d’Adèle Haenel :  » Adèle Haenel est une femme puissante, lucide et qui prend tous les risques pour affirmer son désir d’un monde sans haine et sans prédation à l’égard des femmes. Son témoignage est salutaire pour toutes. Le fait de décrire ce qui se passe, partout dans tous les milieux, quand il y a atteinte à l’intégrité des jeunes filles et des jeunes femmes, c’est une question de santé publique et une question politique majeure ». Au-delà de cette libération de la parole, le combat qui s’annonce est de surmonter cette  » protestation virile » , selon le terme d’Antoinette Fouque, qui s’exerce contre toutes les avancées des droits des femmes et les menace, qu’il s’agisse du droit à l’avortement dans divers pays, ou de la volonté de discréditer et de jeter l’anathème sur la parole des victimes de violences ou de harcèlement.

Delphine Rémy-Boutang, fondatrice de la Journée de la femme digitale, 50 ans
« Les systèmes qui ont mis les femmes à l’écart sont les mêmes que ceux qui ont mis à mal la nature »

Son engagement : Delphine Remy-Boutang est fondatrice de la Journée de la femme digitale . Elle ne milite dans aucune association féministe, mais elle se dit féministe. Pour l’être,  » il suffit de faire le constat des inégalités » . Son agence de communication est à l’origine d’un manifeste pour un monde digital inclusif, reconnu par le secrétariat d’État chargé du Numérique, et d’un prix, les Margaret, en hommage à l’informaticienne de la Nasa, Margaret Hamilton, décerné aux créatrices d’entreprises. « Ma démarche est business » , dit-elle, « car je crois qu’il faut agir. Entreprendre c’est ce donner cette liberté de mouvement et d’action. Les femmes doivent avoir ce pouvoir. Les inégalités coûtent cher. Si notre société était égalitaire, le PIB de notre pays serait de 16 milliards d’euros supplémentaires ».

L’origine de son engagement féministe : Elle est de cette génération de femmes, nées après 70, pour qui, les droits étaient acquis et une place dans le monde du travail assurée. Il n’y avait aucune raison de s’alarmer. Sa prise de conscience a commencé en arrivant dans le monde du travail, chez IBM en Angleterre. « L es photos de femmes derrière les premiers ordinateurs, si nombreuses » témoignant des débuts de l’informatique, lui ont permis de mesurer l’écart avec la réalité du XXIe siècle. Rentrée en France, elle s’est rendue compte à quel point la société française était fermée aux profils atypiques, à ceux, et celles, qui ne sortent pas du circuit des grandes écoles.

Son regard sur les différentes générations de féministes : Cette conscience d’une condition universelle des femmes, mise au jour par le MLF, telle que la décrit Michèle Idels, n’a pas été enseignée aux enfants d’après 1970, comme Delphine. « À l’école, on ne m’a pas parlé de tout cela. Et quand une fille prenait la parole, les professeurs estimaient qu’elle avait du culot, alors que pour les garçons on parlait d’ambition. »

Elle a tout à fait conscience d’être de cette génération entre deux, et constate elle aussi que certaines femmes de sa génération ou un peu plus âgées, ne remettent pas en cause la répartition actuelle des rôles.  » J’ai confiance en elles, elles prendront bientôt conscience de la réalité. Je ne crois pas non plus à cet argument qui consiste à nous reprocher notre manque d’esprit collectif, il n’est là que pour nous discréditer. Oui nous avons besoin d’être plus solidaires, de nous fédérer, c’est ce que nous faisons et je suis sûre que la sororité des femmes vaincra. »

Comment elle voit l’avenir du combat féministe : Pour elle, il y a encore beaucoup de travail, à tous les niveaux. Par exemple, faire émerger des modèles féminins, et permettre aux femmes d’accéder à la puissance financière qui permet d’entreprendre. Elle souligne que « 98% des investissements pour entreprendre dans le monde, sont dédiés à des projets portés des hommes. Il ne reste que 2% pour les initiatives des femmes ». Il n’est pas question d ‘ »attendre encore un siècle » pour que hommes et femmes soient sur un pied d’égalité. Par ailleurs, c’est vers la nature que se tourne aussi son regard. Dephine Rémy-Boutang, est attachée à une nouvelle dimension du féminisme, l’éco-féminisme car « les systèmes qui ont mis les femmes à l’écart sont les mêmes que ceux qui ont mis à mal la nature ».

Elvire Duvelle-Charles, 32 ans, FEMEN
« Sur les questions de genre, de maternité, sur la trans-identité, on ne peut pas être sur les mêmes lignes [que nos aînées], c’est une question d’époque »

Son engagement : Elvire Duvelle-Charles, 32 ans, est engagée au sein du mouvement des FEMEN en 2013, et mène une « clit révolution », comme elle l’appelle. Avec Sarah Constantin, elles sont connues, entre autres, pour avoir réalisé une parodie du clip du rappeur Orelsan, Saint Valentin , où elles détournent cette chanson profondément sexiste pour en faire un hymne féministe. Elles publient aussi ensemble un Manuel d’activisme féministe qui parait début mars, aux éditions Des femmes/Antoinette Fouque.

L’origine de son engagement féministe : Elle a côtoyé les premières figures de référence féminines comme Rosa Parks , dans les livres d’Histoire, au lycée. « Je vivais tout cela de manière silencieuse, et ces modèles de femmes qui suscitaient beaucoup d’admiration chez moi, appartenaient à une autre époque  » témoigne-t-elle.

Ce n’est qu’en militant pour les FEMEN, qu’Elvire a rencontré les représentantes des éditions Des femmes, issues du MLF. C’est une rencontre un peu par hasard.  » C’était assez bouleversant, car pour moi c’étaient des personnages historiques, pas des vraies femmes, et en fait oui, elles étaient vivantes, actives, et toujours revendicatives. »

Son regard sur les différentes générations de féministes : Une forme de sororité est née entre les anciennes et les plus jeunes. Les éditions Des femmes viennent parfois en soutien logistique. Plus jeunes et anciennes ont même manifesté ensemble contre la prostitution.  » Même s’il y a des divergences de vues ou de pensée, elles nous aident » reconnait Elvire, à l’endroit de ses grandes sœurs.  » Nous n’avons pas la même vision des luttes d’aujourd’hui. Sur les questions de genre, de maternité, sur la trans-identité, on ne peut pas être sur les mêmes lignes, c’est une question d’époque ».

Comment elle voit l’avenir du combat féministe : Pour les jeunes femmes de FEMEN, qui dénoncent notamment les violences et le harcèlement, il s’agit donc d’opérer une révolution des mentalités, plutôt que d’acquérir de nouveaux droits. Les rapports de séduction, les modèles de sexualité et d’érotisme sont à réinventer, et  » c’est ce qui perturbe beaucoup de personnes qui ne sont pas dans les luttes. Or la difficulté c’est d’énoncer ce dont on doit se séparer sans avoir de repère pour l’avenir. »

Pour la jeune génération, c’est le système patriarcal qui est à remettre en cause complètement. Et bien au-delà, Elvire considère déjà que la génération à venir ira beaucoup plus loin encore.  » Aujourd’hui, la génération des lycéennes parlent de gender fluid, c’est-à-dire de personnes qui peuvent se vivre parfois au féminin, parfois au masculin ». Que sera le féminisme au pays des gender fluid, des non-binaires, des agenres ? « En tout cas, les jeunes qui arrivent seront beaucoup plus engagés, y compris sur les questions environnementales, terrain sur lequel nous ne sommes pas chez les Femen. Leurs combats vont évoluer, elles seront plus intersectionnelles, et ils vont trouver des nouveaux modèles de luttes car tout va évoluer ».

Hommage à Antoinette Fouque

Antoinette Fouque nous a quitté.é.s le 20 février 2014

Et de tout cœur avec elle l’Espace des femmes  a organisé le 20 février 2020 un concert de piano

Solène Perrera a interprété :

« Triptyque »

Frédéric Chopin Valse Op. 64 n°1, Étude n°4

Clara Schumann Romances Op. 11

Pauline Viardot Sérénade

Marie Jaëll Les Ombres

Agathe Backer Grøndahl Summer song

Claude Debussy Arabesque

Edvard Grieg La valse d’Anitra ; Dans l’antre du roi de la montagne

Erik Satie Trois Gnossiennes

Germaine Tailleferre Adagio

Maurice Ravel Prélude 1913

 

 

Appel en solidarité avec Asli Erdogan

Nous sommes aux côtés d’Aslı Erdoğan et de tous les co-inculpé.e.s journalistes et défenseur.e.s des droits humains poursuivi.e.s en Turquie, pour défendre leurs vies, la liberté d’expression et les droits démocratiques.
Sur les cinq continents, en 2016, artistes, auteurs et autrices, intellectuel.les, défenseur·se·s des droits humains, associations, éditeurs et éditrices, se sont mobilisé·e·s pour exiger la libération de la romancière Aslı Erdoğan emprisonnée en Turquie le 16 août, pour avoir écrit quatre articles dans le journal Özgür Gündem. Grâce à la mobilisation, cette grande figure de la démocratie dans son pays est sortie de prison le 29 décembre 2016.
Mais alors qu’elle est aujourd’hui en exil, le procès à son encontre continue et s’accélère soudainement. Aslı Erdoğan a tout d’abord été accusée de « tentative de destruction de l’unité de l’État », d’« appartenance à organisation terroriste » et de « propagande terroriste », incriminations passibles de la prison à vie.
Il y a un mois, le Procureur a renoncé aux deux premiers chefs d’accusation et a retenu celui de «propagande terroriste ». Il a requis une peine de prison pouvant aller jusqu’à 9 ans. Et contre les rédacteurs en chef du journal et Eren Keskin, présidente de l’Association des droits de l’Homme, des peines allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.
Le 14 février 2020 aura lieu une nouvelle audience, annoncée précipitamment.
Nous rappelons que les quatre articles d’Aslı Erdoğan incriminés ont été publiés en 2016 dans un journal légal, Özgür Gündem, qui, même si il a été interdit depuis, n’a pas été alors poursuivi pour ces parutions. Ces mêmes articles ont été publiés et édités en plusieurs langues par plus de douze maisons d’édition et sur divers supports, et ont fait l’objet de lectures publiques. Sommes-nous toutes et tous complices de « propagande terroriste » ?
« La Turquie a lancé une guerre totale contre les Droits humains, la littérature et pire encore, la CONSCIENCE », vient de nous écrire Aslı Erdoğan en lançant un appel à la solidarité.
Nous, soussigné·e·s, appelons à condamner sous toutes les formes possibles ces atteintes directes et inacceptables à la liberté d’expression et aux droits démocratiques.
Nous appelons à la solidarité avec Aslı Erdoğan et les co-inculpé·e·s dans ce procès, et au-delà, avec toutes les femmes courageuses particulièrement menacées aujourd’hui, ainsi que toutes celles et ceux qui, en Turquie, continuent à s’exprimer au risque de leur liberté.

Cet appel est lancé à l’initiative de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, des Éditions des femmes-Antoinette Fouque et de la rédaction de Kedistan.
Premier.e.s signataires :
ActuaLitté (la rédaction), Laure Adler (journaliste), Joseph Andras (auteur), Igor Babou
(universitaire), Ella Balaert (écrivaine), Sophie Bassouls (photographe), Anne Emmanuelle Berger (universitaire) Gérard Biard (journaliste), Dominique Blanc (comédienne), Izabella Borges (universitaire, traductrice), Paule du Bouchet (écrivaine, éditrice), Sophie Bourel (comédienne), Sonia Bressler (philosophe, présidente de l’AFFDU), Carmen Castillo (cinéaste), Chantal Chawaf (écrivaine), Hélène Cixous (écrivaine), Etienne Copeaux (historien), Marie Darrieussecq (écrivaine), Zehra Doğan (artiste, écrivaine), Alicia Dujovne Ortiz (écrivaine), Annie Ernaux (écrivaine), mouvement FEMEN, Dominique Grange (chanteuse), Sterenn Guirriec (comédienne, metteuse en scène), Bülent Gündüz (cinéaste), H/F Île de France, Hijos Paris, Francesca Isidori (journaliste, directrice artistique), Sylvie Jan (France-Kurdistan), Emmanuel Lascoux (helléniste), Philippe Le Duc (artiste scénographe), Joëlle Le Marec (universitaire), Nathalie Léger-Cresson (écrivaine), Lio (chanteuse, actrice), Catherine Malard (le dire et l’écrire), Carole Mann (sociologue, women in war), Valérie Manteau (écrivaine), Claire Mauss-Copeaux (historienne), Mengue M’Eyaà (présidente Mouvement civique des femmes du Gabon), Jacqueline Merville (écrivaine, artiste), Daniel Mesguich (acteur, metteur en scène), Ümit Metin (l’ACORT), Anna Mouglalis (actrice), Denis Péan de Lo’jo (musicien), PEN club français, Emmanuel Pierrat (avocat, écrivain), Titi Robin (musicien), Agnès Rosenstiehl (écrivaine, illustratrice), Tony Rublon (amitiés kurdes de Bretagne), Fabienne Servan Schreiber (productrice de films), Tardi (auteur, dessinateur), Marina Vlady (actrice), Catherine Weinzaepflen (écrivaine), Laurence Zordan (philosophe, écrivaine).

Appel publié dans l’Humanité le dimanche 2 février 2020

Manifestons notre solidarité avec Aslı Erdoğan menacée de 9 années de prison en Turquie avec d’autres co-inculpé.e.s qui ont usé de leur liberté d’expression. Vous pouvez signer ce texte ici