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Femmes de mouvements 1968 – 2006

Colloque Alliance des Femmes 2006

Femmes de mouvements, hier, aujourd’hui, pour demain 1968 – 2006
Samedi 4 et dimanche 5 novembre 2006 à la Sorbonne
À l’initiative de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie et de l’Institut de Recherches en Sciences des Femmes, ce colloque a été dédié à Aung San Suu Kyi.
Programme
Octobre 1968 : naissance du Mouvement de Libération des Femmes.
Octobre 2006 : plusieurs femmes seront candidates à la Présidence de la République
avec, pour certaine(s), de réelles chances de gagner.
Pendant près de 40 ans, quels ont été nos combats, nos victoires ?
Où en sommes-nous ?
Que voulons-nous ?
Que nous reste-t-il à accomplir ?
D’hier, d’aujourd’hui, pour demain, des femmes responsables de nombreux pays et de différentes générations témoignent, font un bilan et ouvrent des perspectives.

Samedi 4 novembre
Naissance d’un mouvement
Antoinette Fouque, Josiane Chanel, Françoise Borie, Joëlle Guimier, Sylvina Boissonnas, Martine Dombrovski… militantes de la première heure, témoignent avec : Nelly Las historienne – Séverine Auffret philosophe – Bibia Pavard doctorante au Centre d’histoire de Sciences Po
Faire l’histoire – hier et aujourd’hui pour demain
Michèle André vice-présidente du Sénat, ancienne ministre des Droits des femmes – Antoinette Fouque co-fondatrice du MLF, ancienne députée européenne – Simone Veil ancienne ministre d’Etat, membre du Conseil constitutionnel – Edith Cresson ancienne Premier Ministre et ancienne Commissaire européenne – Alain Touraine sociologue Aung Ko représentant du conseil national de l’Union de Birmanie – Dr Pierre Foldes chirurgien urologue engagé dans la lutte contre l’excision – Kate Millett écrivaine, sculptrice, (Etats-Unis) – Catharine A. MacKinnon avocate, écrivaine, professeure de droit (Etats-Unis)
Analyser et agir
Taslima Nasreen médecin, écrivaine, exilée du Bangladesh à la suite d’une fatwa – Christiane Taubira députée, à l’initiative de la loi sur l’esclavage, crime contre l’humanité – Lydie Err parlementaire, membre du conseil de l’Europe (Luxembourg) – Carmen Romero ancienne députée, présidente de Círculo Mediterráneo (Espagne) – Wassyla Tamzali avocate, ex-directrice du droit des femmes à l’Unesco (Algérie)
S’engager
Elaine Audet écrivaine, co-éditrice du site internet et des éditions Sisyphe (Québec) – Elaine Britton responsable du « Makeba Rehabilitation Centre for girls » (Afrique du Sud) – Delphine Batho secrétaire nationale du Parti Socialiste – Francine Demichel professeure de droit public – Ana Maria Araujo psycho-sociologue, écrivaine (Uruguay) – Hawa Konte doctorante en littérature

Dimanche 5 novembre
Créer
Julie Debazac comédienne – Catherine Lopes Curval peintre – Julie Lopes Curval scénariste et réalisatrice – Colette Deblé peintre – Sonia Rykiel créatrice de mode – Coline Serreau comédienne, réalisatrice – Claude Régy metteur en scène Fanny Ardant lit des extraits de Écrire de Marguerite Duras
Écrire
Nelida Piñon écrivaine (Brésil) – Sylvie Germain écrivaine – Charles Juliet poète – Chantal Chawaf écrivaine – Patrizia Cavalli poétesse (Italie) – Michèle Ramond écrivaine, professeure de littérature – Catherine Weinzaepflen écrivaine
Psychanalyse (Table ronde dédiée à Janine Chasseguet Smirgel) Philipe Jaeger psychanalyste – Juliet Mitchell psychanalyste (Grande-Bretagne) – Michèle Freud psychothérapeute – Catherine Millot psychanalyste, écrivaine – Jean-Pierre Sag universitaire, psychothérapeute – Charlotte Dudkiewicz-Sibony psychothérapeute, psychanalyste – Patricia Rossi psychothérapeute, psychanalyste
Philosophie, anthropologie, sciences : Sylviane Agacinski philosophe – Marie-Christine Maurel biologiste – Anne- Marie Planeix philosophe – François Guéry philosophe

Vous trouverez une partie des interventions au colloque dans le livre
« Penser avec Antoinette Fouque » aux Editions des femmes

Appel pour la Parité en 2007

Alors que la France fait modèle en Europe et dans le monde avec la démographie la plus élevée de l’U.E. (après l’Irlande) et le plus fort taux d’activité professionnelle des femmes, leur accès au pouvoir politique rencontre une résistance toujours aussi massive.
La loi du 6 juin 2000 a initié le processus paritaire mais n’a permis que des avancées limitées, et il n’y a aujourd’hui que 3% de femmes à la présidence des conseils généraux, 3,8% à la présidence des conseils régionaux, 10,9% parmi les maires, 12,3% parmi les députés, 16,9% parmi les sénateurs.
« Il est essentiel aussi d’ouvrir et de faire respirer notre vie politique » a déclaré le Président de la République le 4 janvier 2006, en affirmant son souhait de franchir une nouvelle étape mais aucun projet de loi n’a suivi.
Marie-Jo Zimmermann (députée et présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale) a donc dû déposer une proposition de loi – parité dans les exécutifs municipaux et régionaux et au sein des intercommunalités, renforcement des pénalités financières à rencontre des partis ne respectant pas la parité lors des élections législatives – mais il est à craindre qu’elle ne soit pus retenue.
En 2007, les femmes vont voter. Il conviendrait que l’on puisse aussi voter pour elles et qu’elles soient élues à parité avec les hommes.
Nous demandons instamment aux parlementaires et au gouvernement d’inscrire de toute urgence à l’ordre du jour dû Parlement la «proposition de loi tendant à renforcer la parité entre les hommes et les femmes dans la vie politique ».

Premières et premiers signataires : Ana Maria Araujo, Séverine Auffret, Sylvina Boissonnas, Caroline Bommart-Forster, Jeanne Broyon, Mireille Calle Gruber, Chantai Chawaf, Hélène Cixous, Christine Clerc, Thérèse Clerc, Edith Cresson, Julie Debazac, Colette Deblt Brancine et Sophie Demichel, Annie Durante, Lydie Err, Michel Fize, Pierre Foldes, Antoinette et Vincente Fouque, Michèle Freud, Xavière Gauthier, Jeanne GÎRARDOT, Benoîte Groult, François Guery, Joëlle Guimier, Françoise Heritier, Michèle Idels, Dominique Issermann, Philippe Julien, Charles Juliet, Aung Ko, Odile Leperre Verrier, Catherine et Julie Lopez-Curval, Christina Lunghi, Milvia Maglione, Catherine Millot, Marie-Cécile Moreau, Fadela M’Rabet, Michelle Muller, Elisabeth Nicoli, Michelle Orengo, Denise Pouillon, Michèle Ramond, Claude Regy, Catherine Rihoit, Agnès et Pierre Rosenstïehl, Patricia Rossi, Sonia et Nathalie Rykiel, Coline Serreau, Nadia Setti, Leila Shahid, Charlotte Sibony, Wassyla Tamzali, Christiane Taubira, Marie-Claude Tesson-Millet, Victoria Therame, Robert Toubon, Alain Touraine, Christine Villeneuve, Alain Vircondelet, Catherine et Fanny Weinzaepflen et des centaines d’autres…

Envoyez à l’AFD vos signatures qui seront transmises à l’Observatoire de la Parité.

La parité, par Antoinette Fouque

8-mars-2005-antoinette-fouque

La parité, pour un quatrième modèle républicain

Après trente sept ans d’engagement de femmes de toutes conditions et d’activités intenses du MLF, les droits conquis sont spectaculaires : lois d’égalité – abolition de la
« puissance paternelle », égalité parentale, professionnelle, familiale, politique -, lois contre les violences sexuelles… Au-delà, deux avancées inédites ont marqué l’une et l’autre l’émergence des femmes dans l’histoire et l’ont révolutionnée : la maîtrise de la fécondité (je préférerais dire Droit à la procréation) et la Parité.

Mais, en levant l’oubli et la censure sur les femmes et sur la fonction indispensable pour l’espèce dont notre corps est doté – la fonction génésique -, en dévoilant la misogynie constitutive de l’ensemble des civilisations, les mouvements de libération des femmes ont entraîné, et c’est logique, une résistance, une protestation virile fondamentale. Cette nouvelle misogynie rassemble en une Sainte Alliance toutes les intolérances totalitaires et intégristes, toute pensée de l’Un qui refusent altérité, alternance de la personnalité et de la structure démocratique ouverte, paritaire, partenaire. Les femmes sont les premières victimes tant des cultures traditionnelles et autoritaires qui les excluent, des régimes anti-démocratiques, que d’un ultra libéralisme mondialisé, dématérialisé. L’espèce humaine parlante et pensante, que les femmes régénèrent à chaque naissance, est déjà le dernier marché à exploiter, tandis que, paradoxalement, un gynocide (une nouvelle forme d’extermination ?) s’organise : 40 millions de petites filles ne sont pas nées du fait des foeticides, alors que 100 à 150 millions de femmes manquent en permanence au compte de l’humanité. Jusque dans nos démocraties avancées, en Europe, comme en France, la pauvreté se féminise, les violences explosent. Partout sur la planète, on rabaisse, on exploite, on exclut, on viole, on tue, des femmes.

Que faire ? Le modèle traditionnel – tota mulier in utero (‘maternité esclave) – et le modèle féministe de l’indifférentialisme unisexe – tota mulier sine utero (sexualité esclave) – ont démontré leur inefficacité. Le modèle libéral qui conjugue le négatif de chacun d’eux – femmes divisées, moitié hommes, moitié femmes —doit être dépassé. La France doit inventer un quatrième modèle républicain pour stopper l’écartèlement entre archaïsme et modernité. Un modèle libérateur, qui considère la création de vivant comme la première des richesses humaines. Un modèle qui, en intégrant la structure éthique dont cette (pro) création est porteuse, se situe hors de toute spéculation technique et marchande et de toute pollution dévastatrice. Un modèle qui, par un contrat humain, garantisse la pérennité de notre lien vital au matriciel ; qui, par une nouvelle alliance de l’humanité avec les femmes, inscrive un humanisme supérieur.
Après tous les droits acquis ces dernières années, il est temps d’élaborer une loi cadre globale qui délivre une véritable politique pour les femmes, du plus réel au plus symbolique, de la genesique à la Parité. Il est temps d’inscrire l’existence des 2 sexes dans la Constitution.

La parité constitue un bond en dehors de la logique de l’Un, de l’Unisexversalisme jacobin, d’un républicanisme neutraliste, obsolète. La Parité, par son étymologie même -partenaire, paire, partage, parturiente-, nous introduit à une autre logique, une logique du Deux, du au moins deux, tiers inclus ; nous ouvre à une culture générative, généreuse, à ce que Kant, dans « Qu ‘est-ce que les Lumières », appelle la majorité pour le genre humain… Une République vivante, vitale, démocratique, paritaire, laïque et universelle.

En ces temps de détresse, de terreur, de guerre généralisée, économique, religieuse, nationaliste, où la personnalité libérale, égoïste, égotiste ravage, pille, détruit la planète et l’espèce, la Parité nous offre une conception éthique du don où « donner, recevoir, rendre » nous invite à nous souvenir, penser, remercier ; nous ouvre à la géni(t)alité de l’espèce, à une Condition historique d’hommes et de femmes, capables de mémoire, de création et de gratitude.

Texte écrit a à la demande de Madame Nicole Ameline, ministre de la Parité, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 Mars 2005.
Ce texte est aussi publié dans Gravidanza Féminologie II,
Antoinette Fouque, Préface d’Alain Touraine, Éditions des femmes-Antoinette Fouque.

Adoption de la loi constitutionnelle sur la parité

Pour la parité

Nous qui sommes réunies ici aujourd’hui, nous avons gagné une bataille; elle est celle du mouvement des femmes, des associations, des militantes et des citoyennes. C’est la victoire d’un mouvement de civilisation, d’un mouvement d’action et de pensée, qui depuis trente ans n’a jamais fléchi.

Après l’accès des femmes au travail, et malgré les profondes inégalités qui perdurent et face auxquelles nous ne serons jamais trop vigilantes, « l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », qui sera-semble-t-il- finalement adopté, ouvre une brèche dans le bastion rétrograde du pouvoir politique en France. Ce pouvoir rétrograde, archaïque, réservé aux hommes, la modification de la Constitution permet d’en envisager une réelle transformation.

C’est une victoire nécessaire et un grand pas vient d’être accompli.
Oui, nous aurions préféré que le terme « parité » figure dans la loi elle-même et pas uniquement son exposé des motifs. Mais nous savons bien, comme le savent aussi celles et ceux qui dans les sondages s’y sont massivement déclarés favorables, que c’est bien de la parité qu’il s’agit, c’est-à-dire d’une participation équilibrée à la vie publique, aux décisions concernant notre pays, l’Europe et le monde.

La parité est une notion qui nous vient d’Europe, et qui demain nous rapprochera davantage encore de celles qui, d’ores et déjà, ont imposé la présence des femmes dans les gouvernements et les assemblées de leur pays.

Nous venons de gagner une bataille, mais le combat est loin d’être achevé. Nous nous sommes mobilisées par dizaines de milliers, nous avons été relayées par des hommes et des femmes politiques, par des citoyens et des citoyennes mais il nous reste maintenant à accomplir la parité, à lui assurer un avenir démocratique. La parité se fera avec des femmes qu’aucune idéologie n’oblige à se renier, à s’oublier en tant que femmes; elle se fera avec des femmes qui tiennent compte de leur expérience d’êtres humains sexués, en charge du monde.
 Convertir cette extraordinaire énergie en pouvoir décisionnel est un formidable défi, qui peut faire accéder notre pays à la maturité politique et éthique, à une réelle démocratie hétérosexuée.

Création du Club Parité 2000

Au cours d’un entretien, le jeudi 23 avril 1992, Antoinette Fouque, Présidente de l’Alliance des Femmes pour la démocratie, a attiré l’attention du Premier secrétaire du Parti Socialiste, Laurent Fabius, sur la régression qui atteint les femmes aujourd’hui, notamment dans le domaine politique.
L’Observatoire de la misogynie, créé par l’Alliance des Femmes en 1989, analyse les causes et les effets de cette régression qui s’est amplifiée dans le monde entier. Les faits et chiffres publiés en novembre 1991 dans le dernier rapport de l’ONU le confirment.
En France, alors que les femmes avaient pour la première fois dans l’histoire, et sous l’impulsion du mouvement des femmes, contribué à la victoire de la gauche en 1981, leur représentativité politique s’est constamment dégradée depuis 1986. La suppression d’un ministère à part entière des Droits des femmes, puis le départ d’Édith Cresson de Matignon en sont la preuve.
Le fait que les femmes apportent désormais leurs voix aux partis écologistes, qui respectent davantage la parité, témoigne pourtant de leur volonté de participer à la vie politique.
C’est pourquoi Antoinette Fouque a décidé de créer le Club Parité 2000.
Il a pour vocation, en informant et en formant les femmes, de leur faciliter l’accès aux responsabilités politiques et à l’éligibilité, de les préparer aux prochaines échéances électorales et de leur permettre d’affirmer durablement leurs talents d’élues. La démocratie a tout à y gagner.
Une université d’été est prévue fin août ( les 28, 29 et 30, à La Garde Freinet, Var).