A Marseille, le 19 novembre 2016, l’AFD a co-organisé avec le mouvement du Nid, le Forum Femmes Méditerranée et le Collectif 13 droits des femmes, un colloque « Pornographie et prostitution: imaginaires et réalités », avec le soutien de la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité.
Sept intervenants issus de divers domaines et disciplines – sociologie, psychologie, action sociale ou associative – ont éclairé les « industries du sexe » en puisant tant dans les apports de la théorie que dans leur pratique professionnelle ou militante dans le colloque « Pornographie et prostitution : imaginaires et réalités »
Par quels leviers le système pornographique est-il capable d’amener des personnes à subir et consentir à des violences sur elles-mêmes ? Quelles sont les dimensions proxénètes de l’exploitation pornographique ? Côté spectateurs, comment se défaire de la fascination exercée par le choc des images pseudo-réalistes, que la surenchère commerciale rend toujours plus extrêmes ?
Ce colloque a abordé le sujet de la pornographie dans sa réalité concrète – une production culturelle de masse qui a plus de spectateurs que le football, une industrie exploitant le corps et l’image de milliers de « hardeurs » hommes et femmes. Ces données s’entendent au regard du poids des industries du sexe sur nos représentations. Si la pornographie et la prostitution ont pu un temps apparaitre subversives, elles sont le lieu de l’objectification extrême du corps des femmes et de la perpétua-tion de stéréotypes régressifs. Un défi, compte tenu du rôle qu’elles tiennent encore dans l’initiation sexuelle, particulièrement des jeunes garçons.
Joël Martine, philosophe, a invité à « retourner la caméra » pour «déconstruire l’empire du porno » et libérer tant nos imaginaires que la création cinématographique.
Malka Marcovich, historienne, a analysé la culture libertine stéréotypée qui s’est développée en France depuis le marquis de Sade et qui a banalisé la domination des femmes au nom de la lutte contre le carcan de la religion. Aujourd’hui persiste une « face cachée » d’une certaine « libération sexuelle » qui maintient leur objectification et leur disponibilité pour le seul désir masculin.
Régine Sellier, de l’Alliance des femmes pour la démocratie a développé le thème de « l’impérialisme du phallus », concept d’Antoinette Fouque, d’après son expérience professionnelle et militante.
Hélène Rémond, psychologue, a étayé son analyse par les éléments recueillis dans le cadre de sa pratique clinique. Elle partage une étude de cas et son expérience dans l’animation de groupes de paroles de femmes victimes de violences.
Didier Landau, psychosociologue, détaille les lignes de continuité entre prostitution et pornographie, la première étant « la mise en acte dans un espace réel » de la seconde. Il s’appuie sur une forte expérience de la prévention et de l’accompagnement des personnes en souffrance.
François Wioland, responsable de la délégation des Bouches-du-Rhône du Mouvement du Nid, est confronté lors des actions de prévention de l’association à « l’évidence pornographique » qui s’est imposé auprès du jeune public. Depuis 2013, il a renforcé une pratique d’accompagnement auprès d’étudiantes en situation de prostitution.
Esther Fouchier, militante du Forum Femmes méditerranée et du Collectif 13 droits des femmes, analyse quant à elle les facteurs d’entrée – précarité, vulnérabilité, discriminations… – dans les industries du sexe.
Dans les domaines de la pornographie comme de la prostitution, les choix personnels se posent en termes de choix de société et de droits humains. C’est toute l’ambition de ce colloque de nourrir la réflexion des citoyens et citoyennes et les engager à des choix éclairés.